22 août 2012
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Un kilomètre à vélo ça use...
Le décollage de Brsec en ce beau lundi matin fut d'autant plus pénible que le petit déj en terrasse au milieu des fleurs appelait à une belle journée de repos, après la longue et usante étape de la veille (voir ici). Mais le devoir de voir l'île de Cres nous rappelait à nos pédales ; pas question donc de traîner trop longtemps sur la route de Brestova, notre port d'embarquement, situé à une petite dizaine de kilomètres.
Une belle petite montée pour se (re)mettre en jambes avant l'incommensurable plaisir de dévaler les derniers lacets serrés à 20%. Il fallait bien en profiter avant le stress de Cres...
Baignade et sieste (déjà!) pour les plus crapuleux ; inspection des montures pour les plus scrupuleux... Puis c'est l'embarquement à bord du ferry, pour une bonne demi-heure de traversée. Curieuse impression que celle de pénétrer à vélo dans les entrailles de ce monstre flottant, encore vide de fret et de Fred. Côté nord, la vue sur cette partie montagneuse de l'Istrie et sur le village haut perché de Brsec est majestueuse. Celle qui s'offre à nous côté sud est tout aussi magique... Cres nous voici!
Les Côtes de Cres, Appellation d'Origine Contrôlée et éprouvée...
Où ces adages qui nous promettent l'abondance après le dénuement, le soleil après la pluie ou la descente après la montée... ont du être pondus par des gars qui n'ont jamais connu la drache, la dèche ni encore moins la contracture d'un seul muscle tout au long de leur vie! Et pourtant, en préparant ce voyage on était prévenus que ça grimperait sec sur Cres. Ce qui peut sembler frustrant, c'est que mouliner 2 heures et 15 bornes comme un damné n'est "compensé" que par 20 minutes d'ivresse et de vitesse. Mais ce serait injuste et réducteur d'oublier ces franches bordées de camaraderie dans l'effort ou ces rencontres furtives et insolites faites en cours de route (on se souviendra de Maria, qui attendait son bus seule au beau milieu de nulle part, ou encore de ces petits serpents jaune-vert traversant la route devant nous...).
Il y eut aussi ces paysages à couper le souffle, qui se sont découverts à nous tout au long de cette belle journée, et ces nuages salvateurs qui nous ont accompagnés juste le temps de la grimpette, histoire de retenir le thermomètre sur des valeurs raisonnables...
L'arrivée dans la ville de Cres a un peu effacé la crainte de devoir le lendemain matin déjà repartir à l'assaut des cols que nous venions de descendre... Pour trouver notre pension du jour, point de difficultés : la Villa Lavanda portait bien son nom! La fin de journée et la soirée du lundi furent mises à profit pour déambuler à travers les ruelles de cette petite ville au charme désuet. De mémoire je ne me souviens pas avoir éteint les feux très tard ce jour là...
Ferry loupé c'est la fessée, rouleur fourbu et c'est foutu...
Mardi. Après le traditionnel petit déj en terrasse, il est temps de réenfourcher les vélos pour rejoindre le port de Merag et embarquer sur le ferry qui relie l'île de Cres à l'île de Krk. Prétendre que cette dizaine de kilomètres ont été avalés comme sur des roulettes de tricycle serait un peu exagéré... La montée fut longue et rude, sous un soleil déjà de plomb. Tellement dure que certains actes d'amour fou voire inconscient furent commis par l'un ou l'autre mâle trop affecté de voir leur compagne en pleine souffrance. Certes, rouler avec deux paires de fontes superposées allège la pleine peine de l'une (et pas la pleine lune de plaine...), mais pas celle de l'autre. Si vous me suivez toujours...
Ce qui devait arriver arriva : le ferry ne nous avait pas attendu! Mais comme un ferry en cache un autre, nous sacrifiâmes aux joies de la trempette et de la canette en attendant le prochain. Arrivés à Valbiska, sur l'île de Krk, nous décidâmes de partir en quête d'une crique craquante pour croquer cette magnifique journée croate. Aussitôt dit aussitôt fait, même si on n'a pas vraiment eu le temps d'en compter les galets, par crainte de louper le dernier bateau qui devait nous mener sur l'île de Rab. Quel merveilleux spectacle que celui du massif du Velebit en toile de fond côté babord durant les 90 minutes de cette dernière traversée du jour!
Un jour de printemps à Rab...
Arrivés au port de Lopar, au nord de Rab, il nous restait encore une petite vingtaine de kilomètres à parcourir pour atteindre la ville de Rab, notre étape du soir. Autre île, autre décor et autre atmosphère. Rab-ville est plutôt touristique et elle le vaut bien du reste! Après une soirée calme, la matinée du lendemain fut l'occasion pour certains de flâner dans les ruelles en quête des perles architecturales de cette belle petite cité, pour les autres de se muer en aventuriers cyclistes à la recherche de quelque plage perdue.
Ce qui devait arriver arriva : le ferry ne nous avait pas attendu! Mais comme un ferry en cache un autre, nous sacrifiâmes aux joies de la trempette et de la canette en attendant le prochain. Arrivés à Valbiska, sur l'île de Krk, nous décidâmes de partir en quête d'une crique craquante pour croquer cette magnifique journée croate. Aussitôt dit aussitôt fait, même si on n'a pas vraiment eu le temps d'en compter les galets, par crainte de louper le dernier bateau qui devait nous mener sur l'île de Rab. Quel merveilleux spectacle que celui du massif du Velebit en toile de fond côté babord durant les 90 minutes de cette dernière traversée du jour!
Un jour de printemps à Rab...
Arrivés au port de Lopar, au nord de Rab, il nous restait encore une petite vingtaine de kilomètres à parcourir pour atteindre la ville de Rab, notre étape du soir. Autre île, autre décor et autre atmosphère. Rab-ville est plutôt touristique et elle le vaut bien du reste! Après une soirée calme, la matinée du lendemain fut l'occasion pour certains de flâner dans les ruelles en quête des perles architecturales de cette belle petite cité, pour les autres de se muer en aventuriers cyclistes à la recherche de quelque plage perdue.
Le programme prévoyait de quitter Rab-ville à la mi-journée en bateau pour rejoindre l'île de Pag, quelques miles plus au sud. Sur le port, point de ferry en vue, ni de bateau. Tout juste un frêle esquif qui semblait ne pouvoir accueillir qu'une petite dizaine de passagers mais certainement pas des vélos. Et pourtant, à notre grande surprise, c'était bel et bien notre lift pour Pag! On a tout de même réussi à caser nos 10 bécanes sur le toit et sur le minuscule pont avant du bateau. Au grand soulagement semble-t-il de deux passagères québecoises qui semblaient avoir éprouvé à la vue de nos petits conciliabules d'avant-départ, l'étrange sensation de peut-être devoir faire office de lest...
On a roulé sur la lune...
Une fois débarqués dans le minuscule port de Tovarnele, à l'extrême nord de l'île de Pag, et après avoir avalé quelques calamars grillés arrosés de pivo ou de malvasia, il nous restait à rouler une bonne trentaine de kilomètres plein sud, direction Pag, chef-lieu de l'île éponyme. Vincent nous mitona un petit détour de derrière les fagots, ou plutôt de derrière les oliviers! Si la traversée de ce parc fut secouée (ben oui, les cailloux, les pierres...), le détour en valait la pédale, avec ses oliviers millénaires, la terre aux reflets rouge-vif, les pierres chauffées par le soleil, le chant des grillons et la mer en contrebas : un vrai retour aux origines! Un voyage dans le temps qui n'eut cependant pas l'heur d'émouvoir outre-mesure Camila, qui aurait volontiers troqué tous les oliviers sacrés du coin contre un manguier ; ni Véronique, qui sur deux roues ne sera définitivement jamais en symbiose avec les chemins non carrossables!
La longue route vers Pag est pittoresque. Imaginez une bande de terre large d'un ou 2 kilomètres au plus, avec vue sur le canal et le massif du Velebit (Dalmatie) à l'est et sur l'adriatique à l'ouest! Les paysages traversés sont lunaires. Une région aride balayée par les vents d'est, d'inombrables enclos ceints de murets de pierre à l'intérieur desquels paissent agneaux et moutons... Un vrai petit air d'Irlande, chaleur mise à part!
Pag-ville ne restera pas gravée dans nos mémoires. Le centre recèle bien quelques belles rues et bâtiments dignes d'intérêt, mais l'urbanisation croissante - on a croisé quelques décharges sauvages - de cette station balnéaire fort fréquentée par les habitants de la région de Zadar (l'île de Pag est en fait une presqu'île puisqu'un pont la relie au continent par le sud...) nous a laissé un petit arrière-goût mitigé en bouche...
Bien décidés à abréger le nombre de kilomètres de route de la dernière étape de notre périple croate, nous décidâmes de rejoindre le continent par voie... maritime. Ca faisait un bail en effet que nous avions délaissé les traversées pour se concentrer sur le bitume et sur les cailloux. Qu'à cela ne tienne, rendez-vous fut pris pour le lendemain midi au port de Povljana avec le père du sympathique gérant de l'hôtel Tony, chargé de nous piloter jusqu'à l'île de Vir, reliée elle aussi au continent. En arrivant au port, après une quinzaine de kilomètres de route, nous découvrîmes donc l'embarcation qui devait accueillir notre petit groupe... et les 10 vélos. La surprise fut de taille, à l'inverse de l'esquif : à ce jour je ne sais toujours pas comment nous sommes parvenus à caser dix personnes et dix vélos sans chavirer après 500 mètres! Pour évacuer la petite pointe d'angoisse, notre commandant de bord sortit un schnaps croate de derrière les hublots. Nous étions désormais parés pour une transatlantique...
Evidemment la traversée se déroula sans le moindre souci et nous débarquâmes après trois quarts d'heure sur Vir. La fin de journée avait un petit parfum d'écurie et de nostalgie, même si la dernière étape dans la charmante cité médiévale de Nin fut l'occasion de savourer une dernière fois les calamars grillés et le vin de malvasia... A quelques encâblures de Zadar, la grande partie du groupe prit alors congé des quatre chanceux qui avaient décidé de prolonger l'aventure par quelques jours de repos bien mérité sans vélo (quoique...) et se mit en route pour l'aéroport.
L'escapade croate fut une belle réussite ; il suffit de jeter un oeil aux photos ramenées du séjour et de lire ce qui précède pour s'en convaincre...
Il y eut bien quelques crevaisons et l'un ou l'autre coup de mou tout au long du périple mais pas de problème majeur ni de bobo à signaler!
Une chose est certaine : après la Normandie et les anglo-normandes en 2011, et la Croatie en 2012, il y aura une troisième fois! Où et quand ? Mystère... Mais nous espérons déjà vous compter parmi nous à cette occasion...
Fred
Découvrez le compte-rendu de la 1ère partie de ce séjour à vélo
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